Bonjour à tous,
Ma dernière lecture m'a permis d'apprendre que les combats aériens ne sont pas toujours ce que l'on imagine, la preuve en est.
Nous sommes en 1940, plus exactement le 3 avril, au large de la Norvège, à 50km des côtes le Short Sunderland KG-F N9046 du N°204 Squadron, piloté par le Flying Officer Armistead prend place à proximité du convoi qu'il doit protéger. L'escorte d'une dizaine d'heure va être plutôt animée.
A 15h40, au dessus de 2000m la veille à bord de l'hydravion signale deux avions venant de la côte. Le Sunderland continue sa patrouille, les manœuvres l'amènent à se diriger vers les bandits qui sont identifiés comme des Junkers Ju-88*. Le Sunderland pique et à une quinzaine de mètres d'altitude, la vitesse est poussée à 140 nœuds (env 250 km/h) pour le rendre plus manœuvrant. Les Junkers manœuvrent afin de se mettre en position de tir pour un et en position de bombardement pour l'autre. Le bombardier allemand qui vole à grande vitesse au dessus, à 250m d’altitude du Sunderland lâche 3 bombes. Le pilote vire brutalement à gauche et évite ainsi les bombes qui tombent sur la droite à une distance de 100m. Le second bombardier a eu l'occasion de tirer, quelques tirs ont touché le gros hydravion sans plus de dégâts. Les bombardiers ont échangé leurs positions, le chasseur devient bombardier et le bombardier devient chasseur, le Sunderland a le temps de virer et de faire un 180° pour se retrouver face à eux. Une ou deux bombes sont lâchées mais sans résultat encore une fois, le pilote a eu le temps de virer et d'éviter les explosions. L'attaque par l'arrière ne donne aucun résultat également, le mitrailleur du Sunderland a le temps de décocher une rafale (une traçante, cinq explosives) qui porte dans le fuselage du Ju-88**. Les manœuvres d'échappement amène le Sunderland à effectuer un 180°. A ce moment là, quatre autres Ju-88 se joignent aux deux premiers, les bimoteurs allemands se placent en file indienne à 200m d'altitude et envisagent une attaque par plein arrière. Le Leader n’est plus qu’à moins de 150m pour ouvrir le feu, le mitrailleur arrière du Sunderland réplique, il l’oblige à rompre le combat sur sa gauche, le mitrailleur en profite et fait feu de toutes ses armes, un moteur est touché et crache de la fumée, il s’éloigne et ne sera pas revu. Le second de la file attaque à son tour, à une centaine de mètres de distance, le mitrailleur tire et les coups portent, le moteur gauche est en flamme, le Ju-88 est touché à mort, il s’écrase en mer***.
Le troisième, témoin des évènements, a rompu le combat à 300m, les tirs du mitrailleur de l’hydravion sont sans résultat. Les quatrième et cinquième en font de même. Le sixième, plus hardi tente une attaque par le travers, ses traçantes passent devant le nez du Sunderland, son pilote a anticipé l’attaque et a brutalement ramené les gaz. Malgré le tir du mitrailleur supérieur aucun résultat n’est constaté et le dernier Ju-88 n’insiste pas et rompt le combat.
Le Sunderland rentrera avec de nombreux impacts et dégâts, deux blessés à bord.
Franks Philips recevra la DFC et le mitrailleur arrière, le Leading Aircraftman William G. Lillie, la DFM.
Le Sunderland, lui, pour son premier combat sera décoré par les pilotes de la Luftwaffe du redoutable titre de « Der Fliegende Stachelschwein », le porc-épic volant !
* Il s’agit de deux appareils appartenant à la II./KG30, dont l’un est piloté par l’Hauptmann Claus
Hinkelbein
** Sans doute le Ju-88 piloté par l’Unteroffizier Willi Erkens (5./KG30) qui se posera sur le ventre à Stavanger.
*** Ce Ju-88 appartenait à la Staka 5./KG30, piloté par l’Oberleutnant karl Overweg. Aucun
survivant.
Une incertitude demeure en ce qui concerne le sort d’un Ju-88 de la 4./KG30 qui s’est écrasé au nord de Bremerhaven, aucun survivant. Peut être lui aussi a t’il été victime du porc-épic volant ?
Le récit complet et détaillé est a retrouvé dans le hors série numéro 25 de la revue Aérojounal de novembre-décembre 2016.
A bientôt.